À chaque départ d’un grand patron, c’est la même histoire… indignation des politiques, indignation des syndicats de salariés, indignation des syndicats d’employeurs. Et pourtant, à chaque nouveau départ, le même scénario se reproduit : primes exorbitantes, avantages injustifiés, retraite chapeau…

Le cas de la société TECHNIP nous apporte une nouvelle fois, la preuve du cynisme du système et du copinage des membres des conseils d’administration.

TECHNIP est une entreprise présente dans le management de projets, l’ingénierie et la construction pour l’industrie de l’énergie (pétrole, gaz, éolien). TECHNIP a accusé en 2018 une perte nette de 1,9 milliard de dollars. Le cours de l’action a connu une descente aux enfers : plus de 60 dollars en 2014, moins de 19 dollars en 2019.

Le président-directeur général de TECHNIP depuis avril 2007, est Monsieur Thierry PILENKO. Il est donc difficile d’imputer les résultats catastrophiques à d’autres…

Et pourtant, à l'occasion de son départ, le PDG sortant touchait 15,3 millions d'euros...

Le ministre de l'Économie, Bruno LE MAIRE, dénonce : « Ce sont des comportements inacceptables et intolérables. Quand on laisse des pertes derrière soi, on ne part pas avec des primes », a-t-il précisé.

Le président du Medef, Geoffroy ROUX DE BEZIEUX, a réagi : «c'est effectivement tout à fait inacceptable (...), c'est une prime à l'échec » , a-t-il ajouté.

De réforme en réforme, de code de bonne conduite en code de bonne conduite, rien n’y fait. L’appât du gain et plus fort que la morale.

Et oui, les grandes entreprises remercient traditionnellement « généreusement » leurs dirigeants, même en cas de gestion calamiteuse. Ce phénomène s’explique, en partie, par le copinage (voir la consanguinité) existant dans les conseils d’administration. Dans toutes les grandes entreprises, on retrouve un petit cercle de personnes, cooptées comme administrateurs. Un administrateur qui refuserait de valider de tels avantages, au PDG sortant, s’exposerait lui-même à la même sanction, dans l’entreprise qu’il dirige. 

Selon MEDIAPART, 39 des 40 entreprises du CAC 40 ont au moins un administrateur en commun les unes avec les autres. Certains administrateurs siègent même dans six conseils à la fois.

Entre gens du même sérail, un tel comportement ne serait tout simplement pas acceptable… et pas très gentlemen !

La rémunération moyenne des patrons du CAC 40 était de 5,1 millions d'euros en 2018, soit 280 fois le SMIC, en hausse de 14% sur un an. C'est 12 fois plus que la hausse des salaires en France.

Le mouvement des gilets jaunes a encore de beaux jours devant lui…

Didier FORNO

Expert-comptable CSE

Publié le 10/04/2019