La mise en place du confinement, liée à l’épidémie de Covid 19, a permis à de nombreux salariés de s’interroger sur le sens et l’utilité de leur travail.

Selon un sondage réalisé par le site de recrutement spécialisé CADREMPLOI, 63 % des cadres s’interrogent sur leur rythme de travail et 58 % sur l’équilibre vie professionnelle – vie privée. 48 % des cadres du panel ont entamé une réflexion sur leur lieu d’habitation futur. 37 % sont insatisfaits de leur situation actuelle. Ces résultats s’expliquent en grande partie par le télétravail.

 

Depuis les Ordonnances Macron, il est possible de recourir au télétravail de manière occasionnelle, par exemple en cas d’épisode de pollution, problèmes de transport liés aux grèves, « état de grossesse », etc.

Sur le plan juridique, la mise en œuvre du télétravail peut être mise en place dans le cadre d’un accord collectif, ou à défaut, dans le cadre d’une charte élaborée par l’employeur, après avis du comité social et économique (CSE). En l’absence d’accord collectif ou de charte, l’employeur et le salarié peuvent décider de recourir au télétravail, en formalisant leur accord, par tout moyen.

 

Une enquête menée par l’ANDRH (association loi 1901 au service des professionnels et des ressources humaines) et par le cabinet BCG confirme un changement massif, rapide et exceptionnel de la relation au travail et notamment de l’impact du télétravail. La période de confinement a fait bouger les lignes sur l’adoption du télétravail.

85 % des DRH interrogés considèrent souhaitable le développement du télétravail pérenne. 93 % pensent que le télétravail va bouleverser les pratiques managériales des entreprises.

De nombreuses Directions qui étaient opposées au télétravail s’y sont finalement ralliées, constatant des gains de productivités, avec peu d’investissements complémentaires nécessaires.

Bien sûr, tous les métiers ne peuvent pas basculer facilement en télétravail. Ce sont les fonctions supports et de Direction qui ont massivement adopté le télétravail. La plus forte augmentation revient à l’activité « relation client ». Les call centers faisaient pourtant partie de ces organisations les plus réfractaires au télétravail. À l’inverse dans l’exploitation, la production et la logistique, cette possibilité de travailler est difficile à mettre en œuvre.

Aujourd’hui, 60 % des entreprises pensent que dans l’avenir, 25 % des salariés seront en télétravail avec une intensité plus ou moins importante. Pour les DRH, le développement du télétravail est motivé avant tout par les attentes des collaborateurs et les gains de productivité potentiels.

Bien sûr, le télétravail n’est pas sans risque. Les DRH estiment que ce mode de travail entraîne moins d’interactions sociales, un moindre sentiment d’appartenance à l’entreprise, une moindre cohésion et une augmentation des risques psychosociaux.

Dans le monde post Covid 19, les managers font devoir évoluer pour donner plus de sens au travail et motiver davantage les salariés. Ils devront s’orienter vers plus d’autonomie, plus de transparence et une collaboration entre équipes accrue. C’est toute l’organisation de l’entreprise qui devra évoluer.

A terme, les DRH envisagent un modèle hybride mêlant travail sur site et au domicile.

 

Dans cette phase d’organisation et d’adaptation, les instances représentatives du personnel ont leur rôle à jouer. Les délégués syndicaux devront négocier, notamment sur une mise en œuvre plus importante du télétravail. Le comité social et économique (CSE) devra être informé et consulté sur cette nouvelle organisation. La CSSCT (commission santé, sécurité et conditions de travail) devra veiller aux conséquences de la montée en puissance de cette nouvelle forme de travail sur la santé des salariés.

Des négociations sont en cours dans le cadre d’un nouvel ANI sur le télétravail. Un accord national interprofessionnel (ANI) est un accord négocié et signé par les différents partenaires sociaux au niveau national et qui s’applique à l’ensemble des secteurs d’activités sur le territoire national. Ces négociations seront à suivre à la rentrée…

Didier FORNO

Expert-comptable spécialisé dans les CSE

Publié le 24/06/2020