Annoncé comme une tentative inédite de dialogue social, le conclave sur les retraites n’aura été, pour beaucoup, qu’un écran de fumée. Aucun accord n’a émergé, et ce n’est pas un hasard : les positions des syndicats patronaux et salariés étaient inconciliables dès le départ. Alors, pourquoi avoir maintenu ce théâtre ? Pour certains, la réponse est limpide : il s’agissait avant tout de gagner du temps… et d’éviter une censure parlementaire.
Un dialogue condamné dès le départ
Dès l’ouverture du conclave, le ton était donné : le patronat plaidait pour un allongement de la durée de travail, tandis que les syndicats de salariés refusaient catégoriquement tout recul de l’âge légal.

Deux visions irréconciliables, deux lignes rouges infranchissables.
Il ne pouvait donc en ressortir aucune avancée concrète. Le gouvernement l’imaginait-il ? Croyait-il à la signature d’un compromis ? On peut en douter…
Un huis clos sous contrôle
Le format retenu – un conclave à huis clos, sans documents publics, sans comptes rendus détaillés – a renforcé la suspicion.
- Pas de médiateur neutre,
- Un calendrier irréaliste,
- Une communication verrouillée.
Tout semblait calibré pour donner l’illusion d’un dialogue, sans en assumer la réalité. Une mise en scène habile, mais vide ?
Gagner du temps, éviter la censure
L’objectif était-il vraiment de réformer ? Ou plutôt de désamorcer une crise politique imminente ? À l’approche d’un possible 49.3 et face à une majorité fragile, le gouvernement avait-il besoin de l’argument : « Nous avons tout tenté » ?
Le conclave lui a-t-il servi de paravent stratégique, lui permettant de repousser les échéances, tout en préservant son image de "réformateur à l’écoute" ?
Un échec annoncé, une défiance renforcée
La conclusion est limpide : échec prévisible, résultats inexistants. La suite ? Probablement un texte imposé, sans réel appui syndical, ni validation parlementaire en bonne et due forme.
Le risque : une rupture de confiance durable entre les partenaires sociaux et l’État.
Ce que cela signifie pour les élus du personnel
Pour les élus du CSE, cette séquence est riche d’enseignements. Lorsque le dialogue social en entreprise, devient outil de communication, il faut :
- Rester lucide,
- Dénoncer les simulacres,
- Préparer le terrain des futures négociations réelles.

La réforme des retraites aura des répercussions concrètes en entreprise : aménagement des fins de carrière, gestion des inaptitudes, anticipation des départs... Les élus doivent se mobiliser dès maintenant.
Conclusion
Le conclave sur les retraites n’aura pas permis de construire un compromis. Il aura, en revanche, mis en lumière des postures idéologiques et certaines manœuvres politiques.
Les élus du CSE dans les entreprises, doivent être vigilants, face à cette situation de dialogue social vidé de sa substance, utilisé pour gagner du temps plutôt que pour construire des solutions durables.
Didier FORNO
Expert du CSE
CEOLIS
Publié le 24/06/2025