En 2024, le déficit public français a dépassé 169 milliards d’euros. La dette, elle, flirte avec 3 305 milliards d’euros, soit plus de 113 % du PIB. Ces chiffres vertigineux ne sont plus seulement des statistiques : ils deviennent un argument politique pour justifier la remise en cause, année après année, de nos droits sociaux.

 

Un État qui dépense… mais qui ne se réforme pas

Depuis 20 ans, la France enchaîne les plans d’économies « symboliques » tout en évitant soigneusement de toucher au cœur du problème : un appareil d’État coûteux, complexe et peu efficace. La Cour des comptes le répète inlassablement : sans réforme structurelle, la trajectoire financière est intenable.
Mais plutôt que de moderniser son fonctionnement, l’État choisit la voie la plus simple… et la plus injuste : rogner sur les acquis sociaux.

 

La suppression de 2 jours fériés : un écran de fumée

Proposée comme un moyen de « relancer la croissance », la suppression de deux jours fériés rapporterait 4 milliards d’euros par an, selon le Gouvernement, à peine 1,5 à 2 milliards d’euros selon certains économistes.

Les intérêts de la dette française qui seront à payer en 2025 sont estimés à 55 milliards d’euros. Autrement dit, la suppression de 2 jours fériés est un coup d’épée dans l’eau.

Pendant ce temps, les vraies réformes – celles qui toucheraient à l’organisation de l’État, à la rationalisation des dépenses publiques et à l’efficacité des services – restent soigneusement mises de côté.

 

Quarante ans de renoncements politiques

Il faut aussi le dire clairement : si nous en sommes là, c’est parce que, depuis quarante ans, la classe politique – tous partis confondus – a préféré reporter les vraies réformes. Par crainte de déplaire, par calcul électoral ou par idéologie, chaque gouvernement a repoussé à plus tard les décisions impopulaires, mais nécessaires.
Cette fuite en avant n’est pas une fatalité économique, c’est un choix politique d’inaction.

 

Le risque d’une spirale infernale

Si rien ne change, la suppression de deux jours fériés ne sera qu’un début. L’année suivante, il faudra peut-être réduire des jours de RTT. Puis revoir à la baisse certaines allocations. Puis rogner sur les remboursements de soins.
Chaque fois, on expliquera que « c’est nécessaire pour sauver nos finances ». Mais en réalité, on ne fera que reculer l’échéance et affaiblir le contrat social qui unit les Français.

Car, sans réforme en profondeur de l’État, la dette française continuera de croître à un rythme plus rapide que ne pourront le faire les nouveaux impôts, cotisations supplémentaires ou autres dispositifs ingénieux destinés à grappiller quelques milliards d’euros.

 

Que faudrait-il faire ?

La solution ne réside pas dans la suppression ponctuelle d’avantages sociaux, mais dans un plan global et cohérent de réforme de l’État.

Il faudrait établir des priorités budgétaires claires, réduire les dépenses inutiles, supprimer les doublons administratifs, moderniser les procédures, et engager des économies soutenues progressives sur 10 à 15 ans.

Pour réussir, un tel plan devrait reposer sur un accord historique entre toutes les forces politiques, un véritable concordat national qui placerait l’intérêt du pays au-dessus des intérêts partisans.

Irréaliste, pensez-vous ? Peut-être. Mais si rien de tel ne voit le jour, nous continuerons à effacer nos acquis sociaux, année après année, jusqu’à ce que le modèle français ne soit plus qu’un lointain souvenir.

Publié le 11/08/2025