Avec l'été et ses pics de chaleur, une question revient inévitablement dans les entreprises : les salariés peuvent-ils adapter leur tenue vestimentaire à la météo ? Entre confort, liberté individuelle et exigences professionnelles, où se situe la limite ?

 

La liberté vestimentaire : un principe encadré

En France, aucun texte de loi n'interdit explicitement le port du short ou des tongs au travail. Toutefois, la liberté vestimentaire n'est pas absolue. L'article L.1121-1 du Code du travail précise que la liberté du salarié peut être restreinte si cette restriction est justifiée par la nature de la tâche à accomplir et proportionnée au but recherché.

Canicule rôle du CSE

Par exemple, la jurisprudence (Cour de cassation, chambre sociale, 28 mai 2003, n°1991) a validé le licenciement d'un salarié refusant de porter une tenue correcte exigée par l'image de l'entreprise. À l'inverse, un employeur ne peut pas imposer une tenue injustifiée sans raison valable.

Dans un atelier métallurgique, les tongs sont proscrites pour des raisons évidentes de sécurité (risques de blessure, chute d'objets lourds). En revanche, dans un open space sans contact avec la clientèle, tolérer un bermuda propre et un polo peut être un compromis acceptable.

 

L’importance du règlement intérieur et de la concertation

Le règlement intérieur peut prévoir des consignes vestimentaires. Il s'impose alors aux salariés, sous réserve que ces consignes soient fondées sur des motifs objectifs. Il peut, par exemple, interdire les tenues jugées inadaptées (débardeur, maillot de bain, tongs) et proposer une "tenue d'été" autorisée (pantalon léger, polo, chaussures fermées légères).

Habits au travail par forte chaleur

Les CSE (comités sociaux et économiques) ont un rôle essentiel à jouer. Ils peuvent :

  • Émettre des avis sur les projets de modification du règlement intérieur,
  • Proposer des ajustements temporaires en cas de canicule (en s'appuyant sur les recommandations de l'INRS ou de l'ANACT),
  • Solliciter des mesures de prévention (mise à disposition d'eau, adaptation des horaires, aménagements des locaux).

 

Bien-être au travail vs image professionnelle

Autoriser une tenue légère ne signifie pas renoncer à toute exigence. Il s'agit de trouver un équilibre entre confort des salariés et image de l'entreprise. Certaines entreprises instaurent une charte vestimentaire d'été, validée avec les représentants du personnel. Cela peut être un bon compromis pour prévenir les abus tout en répondant aux attentes des salariés.

 

En conclusion

Il n'existe pas de droit au short ou aux claquettes au travail, mais une liberté encadrée. L'essentiel reste la concertation et l'adaptation. Le dialogue entre employeurs, salariés et CSE permet de prévenir les dérives tout en assurant le bien-être de chacun pendant les fortes chaleurs. Le CSE, en tant qu'organe représentatif, peut être un moteur de propositions concrètes pour améliorer les conditions de travail en période estivale.

Didier FORNO

Expert-comptable spécialisé dans les CSE

CEOLIS

Publié le 16/06/2025