L’intelligence artificielle (IA) a quitté les laboratoires pour s’inviter dans la réalité quotidienne des entreprises. Outils d’automatisation, assistants virtuels, algorithmes de tri ou d’évaluation : l’IA transforme la manière de travailler dans de nombreux secteurs.

Si certains y voient une opportunité d’optimiser les process et d’alléger les tâches répétitives, d’autres s’inquiètent de ses effets sur l’emploi, les compétences et la place de l’humain au travail. Alors, l’IA est-elle une menace ou une chance pour les salariés ? Le point de vue du cabinet CEOLIS.

 

État des lieux des usages actuels de l’IA en entreprise

L’IA s’intègre aujourd’hui dans tous les domaines d’activité, à des niveaux variables de complexité. Elle est utilisée pour :

  • Automatiser des tâches répétitives : saisie comptable, tri de CV, réponses aux questions clients via des chatbots, traitement de factures ou d’e-mails.
  • Analyser des données : détection d’anomalies, prévisions de ventes, anticipation des risques.
  • Aider à la décision : évaluation de la performance, sélection de profils en recrutement, gestion prévisionnelle des emplois.
  • Optimiser la production : maintenance prédictive, contrôle qualité par vision artificielle, planification automatisée.

Ces outils ne remplacent pas nécessairement les salariés, mais modifient la façon de travailler : moins de tâches manuelles, plus d’interactions avec des systèmes automatisés.

 

Risques sur l’emploi et évolution des métiers

Des métiers menacés

Certains métiers sont particulièrement exposés à l’automatisation, notamment ceux reposant sur des tâches standardisées :

  • Agents de saisie, employés administratifs, assistants RH, opérateurs de production, téléconseillers…
    L’IA permet de faire « plus vite, à moindre coût», ce qui peut fragiliser ces fonctions.

Des rôles transformés plutôt que supprimés

La majorité des études s’accordent sur un point : l’IA transforme plus qu’elle ne détruit. Elle pousse à :

  • Recentrer les salariés sur des tâches à valeur ajoutée (relationnel, stratégie, créativité).
  • Développer de nouvelles compétences (interprétation des données, gestion des outils IA).
  • Collaborer avec l’IA comme avec un "copilote", dans une logique de complémentarité.

Des inégalités à surveiller

  • Salariés peu qualifiés ou non formés = plus exposés.
  • Risque d’écarts accrus entre ceux qui « maîtrisent » l’IA et les autres.
  • Importance d’une politique d’accompagnement, de formation, et de dialogue social.

 

Opportunités : gain de temps, qualité de vie et valorisation des missions

Moins de tâches répétitives

L’automatisation permet de délester les salariés de certaines tâches à faible valeur ajoutée :

  • Moins de paperasse, plus de temps pour les échanges.
  • Réduction des erreurs et du stress lié à la surcharge administrative.

Aide à la décision, pilotage renforcé

L’IA offre une vision plus fine des données sociales, économiques ou techniques :

  • Les managers, les RH et les élus peuvent s’en servir pour mieux anticiper, mieux négocier.
  • Gain en réactivité, en efficacité, en pertinence des analyses.

Qualité de vie et sens au travail

Utilisée à bon escient, l’IA peut :

  • Améliorer l’ergonomie des postes,
  • Réduire les tâches usantes ou pénibles,
  • Redonner du sens à certaines fonctions.

Mais attention : l’IA ne doit pas être une boîte noire imposée sans contrôle. Elle doit être comprise, expliquée, maîtrisée.

 

Le rôle clé du CSE

Les élus du personnel (comité social et économique, délégués syndicaux) ont un rôle central à jouer face à l’essor de l’IA :

  • Demander une cartographie des usages IA dans l’entreprise.
  • S’assurer que les projets IA font l’objet d’une information-consultation, notamment si des impacts sont prévus sur l’organisation du travail.
  • Accompagner les salariés : formation, droit à l’explication, recours en cas de décisions automatisées.
  • Poser le débat éthique : transparence, non-discrimination, respect de la vie privée.

 

Conclusion : anticiper pour ne pas subir

L’IA est là. Elle ne doit ni être diabolisée, ni adoptée les yeux fermés. Pour les salariés, elle représente à la fois un défi et une opportunité. À condition d’être introduite dans un cadre clair, concerté, et avec un accompagnement adapté, elle peut permettre de gagner du temps, d’évoluer et d’améliorer le travail.

Le CSE a toute sa place pour porter cette vigilance, faire entendre la voix des salariés et transformer cette révolution technologique en progrès social.

Didier FORNO

Expert CSE

CEOLIS

Publié le 30/07/2025