Au-delà de la représentativité qui est mesurée lors des élections professionnelles, la légitimité des organisations syndicales est confortée par leur nombre d’adhérents.

Combien sont-ils ? Existe-t-il des disparités selon le secteur d’activité, la catégorie professionnelle, l’âge… ?

La dernière publication de la DARES y répond.

Un taux de syndicalisation plus important dans la fonction publique que dans le secteur marchand ou associatif

En 2013, le taux de syndicalisation était de 11,2% en général avec une grande différence entre la fonction publique, 19,8%, et le secteur marchand et associatif (privé), 8,7%.

Quelques soient les autres facteurs étudiés (âge, ancienneté, catégorie professionnelle,…), la sécurité de l’emploi apportée par le statut d’agent de la fonction public permet aux salariés de s’investir sans craindre pour leur carrière professionnelle. D’après l’enquête sur les relations professionnelles et la négociation en entreprise de la Dares (REPONSE 2011 les « délégués syndicaux et représentants de la section syndicale » sont deux fois plus nombreux que la moyenne des représentants du personnel à déclarer que leur mandat constitue une menace pour la stabilité de leur emploi (13 % contre 7 %), que « l’expérience de représentant du personnel » a été un frein à leur carrière professionnelle (34 % contre 16 %) ou un facteur de dégradation de leurs conditions de travail (13 % contre 7 %).

La stabilité de l’emploi favorise la syndicalisation

La stabilité de l’emploi, l’insertion dans un collectif de travail, la connaissance de son environnement professionnel sont des facteurs propices à l’adhésion syndicale. Travailler à temps partiel, être employé en contrat à durée limitée ou en intérim, constituent des freins à la syndicalisation.

Tous secteurs confondus, les salariés à temps complet sont sensiblement plus syndiqués que ceux à temps partiel.

De même, les modalités d’emploi et, en particulier, les types de contrats de travail (à durée déterminée ou saisonniers) constituent des freins objectifs à l’adhésion syndicale. Ainsi, 10 % des salariés en CDI contre 2 % des salariés en CDD ou des travailleurs saisonniers, et 1 % des intérimaires sont syndiqués dans le secteur marchand et associatif. Un travailleur intérimaire a quatre fois moins de chances de se syndiquer qu’un salarié en CDD. La probabilité qu’un salarié en CDI soit syndiqué est presque deux fois et demie plus élevée que pour un salarié en CDD.

L’ancienneté dans l’établissement joue également positivement sur la propension des salariés à se syndiquer, surtout dans le secteur marchand et associatif. Les syndiqués sont d’ailleurs un peu plus âgés que la moyenne : seuls 4 % des salariés de moins de 30 ans sont syndiqués.

Un taux de syndicalisation différent suivant la catégorie socioprofessionnelle

Que ce soit dans la fonction publique ou dans le secteur marchand et associatif, le taux de syndicalisation est différent selon la catégorie socioprofessionnelle.

Alors que dans la fonction publique, ce sont les cadres qui ont le plus fort taux de syndicalisation, au sein du secteur marchand et associatif, il s’agit des professions intermédiaires. Dans l’une comme dans l’autre, les ouvriers arrivent en 2ème position.

Catégorie

Fonction publique

Secteur marchand

Ensemble

Cadres

23,4%

7,2%

11,8%

Professions intermédiaires

18,6%

10,7%

12,9%

Employés

18,5%

7,4%

10,5%

Ouvriers

20,6%

9,2%

10,1%

Ensemble des salariés

19,8%

8,7%

11,2%

 

 

Un syndicalisme homogène selon la catégorie socioprofessionnelle mais dominé par le secteur de l’enseignement, de la santé et du social

Parmi l’ensemble des syndiqués, les catégories socioprofessionnelles sont relativement équilibrées : cadres, employés, ouvriers et professions intermédiaires représentent environ chacun ¼ des effectifs.

Les salariés du secteur « enseignement, santé, social » forment le plus gros contingent des salariés syndiqués, 45%, alors qu’ils ne représentent que 31% des salariés. Vient ensuite l’industrie, les autres services puis les transports.

Un taux de syndicalisation qui se stabilise à un niveau largement inférieur à nos voisins européens

Proche de 30% au lendemain de la 2ème guerre mondiale, le taux de syndicalisation s’était stabilisé aux alentours de 20% jusqu’en 1980. Ensuite il a connu une chute régulière jusqu’en 1993 mais s’est stabilisé depuis entre 10% et 11%.

Comparativement aux autres pays d’Europe, le taux de syndicalisation en France est faible. Le taux moyen de syndicalisation des salariés dans les pays membres de l’Union européenne est de 23 % ; il varie de 10 % à plus de 70 % des salariés selon les pays. Ces écarts sont tout d’abord le reflet de formes de syndicalisme et de régulation des relations du travail historiquement différentes. Aux pays nordiques, où la syndicalisation concerne la grande majorité des salariés, s’opposent les pays de l’Europe centrale et de l’Est, où les relations professionnelles sont moins favorables à la syndicalisation. De grands pays comme l’Allemagne, l’Espagne, la Pologne ou la France ont des taux de syndicalisation parmi les plus faibles.

Source DARES Analyses n°2016-025

Hugues NODET
CEOLIS

Publié le 13/05/2016