La santé mentale des salariés se dégrade à nouveau. Selon le dernier baromètre (publié le 23 novembre 2023) sur la santé psychologique des salariés, du cabinet EMPREINTE HUMAINE, la situation est alarmante.

 

Risques psychosociaux : de quoi parle-t-on ?

Les risques psychosociaux (RPS) correspondent à des situations de travail où sont présents, combinés ou non :

  • Du stress : déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes de son environnement de travail et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ;
  • Des violences internes commises au sein de l’entreprise par des salariés : harcèlement moral ou sexuel, conflits exacerbés entre des personnes ou entre des équipes ;
  • Des violences externes commises sur des salariés par des personnes externes à l’entreprise (insultes, menaces, agressions…).

 Ce sont des risques qui peuvent être induits par l’activité elle-même ou générés par l’organisation et les relations de travail.

L’exposition à ces situations de travail peut avoir des conséquences sur la santé des salariés, notamment en termes de maladies cardio-vasculaires, de troubles musculosquelettiques, de troubles anxiodépressifs, d’épuisement professionnel, voire de suicide.

 

Une détérioration des indicateurs

Selon le cabinet EMPREINTE HUMAINE, la détérioration de la santé mentale des salariés n’a jamais été aussi prononcée.

Un salarié sur deux est en situation de détresse psychologique. Ce niveau est trois fois supérieur à celui observé avant la Covid-19. Ces chiffres expliquent la forte hausse de l’absentéisme dans les entreprises. Pour la première fois en 2022, la première cause des arrêts maladie longue durée sont les troubles psychologiques.

Les jeunes de moins de 29 ans sont les plus touchés par cette détresse psychologique, suivi les femmes des plus de 60 ans. La forte hausse chez les seniors s’expliquerait par l’allongement de l’âge de départ à la retraite.

Le baromètre confirme le haut niveau de détresse psychologie chez les télétravailleurs. 47 % de ceux qui travaillent uniquement à distance connaissent des problèmes psychologiques aigus, contre 36 % pour les salariés qui travaillent en mode hybride et 30 % pour ceux qui travaillent dans des locaux professionnels.

 

Un risque d’explosion des burn-out

Cette situation catastrophique pourrait engendrer une véritable « épidémie » de burn-out. 33 % des salariés présentent aujourd’hui ce risque.

Le syndrome d'épuisement professionnel, ou burn-out est un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique dans lesquelles la dimension de l’engagement est prédominante. Il se caractérise par 3 dimensions :

  • L’épuisement émotionnel : sentiment d’être vidé de ses ressources émotionnelles,
  • La dépersonnalisation ou le cynisme : insensibilité au monde environnant, déshumanisation de la relation à l’autre (les usagers, clients ou patients deviennent des objets), vision négative des autres et du travail,
  • Le sentiment de non-accomplissement personnel au travail : sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l'entourage, dépréciation de ses résultats, sentiment de gâchis…

 

Une intensification de la charge de travail

Cette situation difficile des salariés pourrait s’expliquer par une intensification de la charge de travail, depuis la pandémie de la Covid-19. Cette pandémie nous a fait changer de monde. La généralisation du télétravail a bouleversé les relations sociales.

Ce basculement dans un « nouveau » Monde n’a pas été assez accompagné d’actions de prévention des risques psychosociaux, de la part des entreprises. Pour 70 % des salariés, une politique de prévention efficace nécessiterait une remise en question du mode de fonctionnement de l’entreprise.

Les trois quarts des salariés pensent que les objectifs stratégiques de l’entreprise sont opposés au bien être des salariés.

 

Rôle des élus du personnel en matière de RPS

Le CSE (comité social et économique) et la CSSCT (commission santé, sécurité et conditions de travail) disposent de prérogatives spécifiques dans les domaines de la santé, de la sécurité et des conditions de travail. Ils sont donc directement concernés par l’état psychologique des salariés.

À ce titre, ils peuvent :

  • Procéder à l'analyse des risques professionnels auxquels peuvent être exposés les travailleurs,
  • Susciter toute initiative qu'ils estiment nécessaire en matière de lutte contre les RPS.

Didier FORNO

Assistance CSE et CSSCT

CEOLIS

Publié le 19/12/2023